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ON EN EST LÀ !

Théâtre, comics et élucubrations diverses : Le Blog de Jérémy Manesse. (Toute rime est purement fortuite)

L'heure des bilans (part 1)

L'heure des bilans (part 1)

Le théâtre, en ce moment, c'est pas facile facile.

Je précise que ça n'a jamais été un long fleuve tranquille, n'en déplaise à ceux qui croient encore qu'un intermittent du spectacle passe sa vie les doigts de pied en éventail pendant que l'argent des contribuables tombe sur son compte en banque (on y reviendra peut-être dans un autre article, d'ailleurs). Il y a beaucoup (très probablement trop) de spectacles, de moins en moins de curiosité pour ce qui n'a pas une tête d'affiche, un présentateur télé ou un people quelconque au générique, et puis il y a ce petit problème de sciage de branche que j'avais évoqué il y a quelque temps. On y reviendra aussi. (Oui, j'ai rien écrit pendant un an, forcément les sujets de conversation se sont entassés. C'est aussi pour ça que cet article est en deux parties, parce que je me suis aperçu en cours de route qu'autrement, ça va être interminable et vous allez rater votre station.)

Le contexte est donc plutôt morose, même quand des types ne se mettent pas à mitrailler les gens qui sortent. Je suis hélas un habitué des catastrophes, puisque ma première pièce, HAREM UNDERGROUND, s'était jouée pour la première fois lors de la deuxième quinzaine de septembre 2001. Autant vous dire qu'il y avait pas foule dans les théâtres non plus, aussi improbable qu'ait pu être la chute d'un avion sur le Café de la Gare.

Tout ça ne suffit pas à expliquer l'absence de succès de ma dernière pièce, MAMANS. Notez que je parle d'absence de succès plutôt que d'échec, parce que ça a été tout sauf ça. On a quand même joué plus de 100 fois, ce qui est déjà pas mal par les temps qui courent. Les spectateurs étaient contents. Surtout, ça a été une expérience humaine radieuse de bout en bout, une vraie belle aventure, et c'est ça l'essentiel, absolument.

Il s'est passé un truc curieux sur cette pièce, dont j'étais persuadé que c'était à la fois la plus accessible, la plus universelle, et sans doute la meilleure des pièces que j'ai écrites. Qu'est-ce qu'il y a de plus universel que la maternité ? Pourtant, on a pu s'apercevoir qu'un thème universel n'est pas forcément un thème qui intéresse tout le monde.

Alors, peut-être qu'on n'a jamais vraiment trouvé l'angle de communication qui puisse captiver les amateurs de théâtre (pas faute d'avoir essayé, avec une campagne de teasing de neuf (!) mois et une presque vingtaine de vidéos diffusées sur le Net en amont de la première), mais je crois quand même qu'il reste beaucoup plus de tabous sur la place de la mère dans la société que ce qu'on veut bien avouer. Il y a un problème grandissant avec la façon dont on traite nos femmes enceintes et dont on accueille nos enfants. Et comme c'est un peu à l'image de la façon dont la société traite les individus toute leur vie, c'est un vrai problème. MAMANS, ça parlait de ça aussi, et ça concernait les mamans, oui, mais aussi les papas, et ceux qui ont été l'un ou l'autre, et ceux qui songent à l'être un jour.

Mais on a eu beaucoup de mal à trainer les hommes au théâtre pour voir MAMANS, et même du côté des femmes, on a senti des réticences quant au sujet. Comme s'il fallait être maman pour pouvoir apprécier MAMANS (ce qui voudrait dire qu'il faudrait être un dinosaure pour apprécier Jurassic Park, ou qu'il faut absolument être pauvre pour apprécier Ken Loach, si on va au bout du raisonnement). Comme si les problèmes des mamans ne nous concernaient pas tous, que ce soient des problèmes féminins ou pas.

Et pourtant, à quelques grincheux près, les réactions à la pièce ont été pour l'essentiel élogieuses. On a eu beaucoup de gens qui sont venus voir la pièce deux, trois, quatre fois. On a décroché une subvention de l'ADAMI qui nous a permis de tenir jusqu'à la centième. Mais le démarrage a été le plus difficile que j'aie jamais eu sur une pièce, d'autant que j'ai tenu mes promesses en disant un non ferme et définitif au remplissage par invitations. On a parfois (souvent) joué devant de très petites salles, mais nous n'avons jamais triché. Mais oui, oui, on y reviendra. Un autre jour.

Les attentats de novembre, ça a été la cata pour nous, bien sûr, comme pour tous les théâtres. Alors qu'on commençait à sentir un frémissement, l'élan a été coupé net, et on est repartis de moins que zéro. En gros, -75% de fréquentation dans les théâtres sur les semaines qui ont suivi. Sur les vacances de fin d'année, LA période la plus faste, on était encore à -30% sur l'ensemble des théâtres parisiens. Aujourd'hui encore, les séquelles se font sentir. Le Café de la Gare a toujours été un théâtre qui montre sa bonne santé pendant les vacances scolaires, mais la province ne vient clairement plus à Paris depuis les attentats de novembre. Et puis je peux comprendre, si c'est pour se prendre un coup de matraque en allant au théâtre...

Mais tout n'est pas noir, vraiment, car encore une fois, ça a été une magnifique aventure. J'ai aujourd'hui passé en revue la captation du spectacle pour donner mes notes au réalisateur, et je l'aime ce spectacle. J'aime cette équipe. J'espère qu'on trouvera une deuxième vie en province (je ferai mon maximum pour le faire tourner) et même en DVD. Car oui, les DVDs de MAMANS et d'aPHONE, ma précédente pièce, seront bientôt disponibles. Et peut-être même, après ça, ceux de mes précédentes pièces, HAREM UNDEGROUND, LA PARTENAIRE DE L'INSPECTEUR MURDOCK, UNE COMÉDIE LÉGÈRE, À SUIVRE. Oui, oui, paroles, paroles... C'est l'objectif, en tout cas.

Voilà pour la première partie de ce bilan, la plus immédiate. Mais le bilan que je fais en ce moment ne s'arrête pas là. Car au bout de six pièces, une quinzaine d'années en tant qu'auteur, dix de plus en tant que comédien, la quarantaine maintenant clairement installée, et à une époque qui pose beaucoup de questions, il est temps de me demander quelle histoire je suis en train d'écrire. Je ne sais pas vraiment le dire autrement que comme on arrache un pansement, alors allons-y. J'ai monté mes six premières pièces au Café de la Gare. Il est très peu probable que j'y monte la prochaine. Il est beaucoup plus probable que ma route s'éloigne durablement du théâtre de mes parents, qui engendre désormais chez moi trop de frustrations. Ça aussi, c'est un sujet d'article en soi, et d'ailleurs ce sera le prochain.

En attendant, je vous laisse sur un peu de musique, parce que pour cette nouvelle formule de mon Blog, je trouve sympa l'idée de finir à chaque fois avec une vidéo, quelle qu'elle soit. Les Dandy Warhols, ça date un peu, mais cette chanson était celle que j'utilisais sur les saluts de ma première pièce, justement, et mon petit trip nostalgie m'a renvoyé à l'album "Thirteen Tales From Urban Bohemia", que je vous recommande intégralement, si vous ne connaissez pas.

Musique.

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F
J'attends les DVD avec impatience. A quand ton arrivée sur Netflix ?? ;)
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