Théâtre, comics et élucubrations diverses : Le Blog de Jérémy Manesse. (Toute rime est purement fortuite)
23 Avril 2017
Ok.
Ceci sera forcément un peu à vif. Peut-être que je regretterai certaines formules plus tard, mais je ne pense pas. Comme on dit, faut que ça sorte. Mauvais joueur ? Possible, mais on jouait pas aux échecs, figurez-vous.
Peuple de France, ce soir, je te kiffe moyen. Grosso modo, 65% des votants ont choisi de voter pour un escroc, une facho ou une huître. Une huître reconvertie en marionnette par ceux qui chaque jour rendent notre monde un peu plus pire. Seule une petite trentaine de pour cents ont voté pour les candidats qui ont parlé d'écologie au cours de cette campagne. Belle perf, la France, donc. Vous nous avez placés exactement dans la situation des américains il y a quelques mois, en éliminant Bernie Sanders et en opposant Hillary Clinton à Donald Trump. Eux, ils ont fini avec Trump, nous nous avons Donald ET Trump au deuxième tour.
Je salue tout particulièrement les médias qui, à force d'acharnement pendant ces deux dernières semaines de campagne, ont réussi à maintenir la dynamique de la France Insoumise à un niveau certes historique mais pas dangereux, et qui pouvaient difficilement cacher leur joie ce soir malgré la présence de Le Pen au second tour, tant elle garantit que leur poulain soit assuré de la victoire. On a beaucoup parlé du DANGER de la dictature communiste, chimère toute aussi utile que le vote du même nom, mais franchement la manipulation de masse qui a cours en ce moment n'est pas plus glorieuse.
Je salue aussi le connard assassin de jeudi, qui a offert à Le Pen le petit coup de pouce dont elle avait besoin pour se hisser au second tour. L'épouvantail a fait son office, mais elle arrive à un score plus bas qu'elle n'a eu dans aucun sondage, ce sur quoi il faudra se poser des questions.
A mes amis Hamonistes, je dis que je compatis parce que le score est rude, que je comprends pourquoi ils ont voté ce qu'ils ont voté, mais que je veux bien qu'ils ne me parlent pas là maintenant tout de suite.
Aux Macronistes que je connais, je souhaite bon courage. D'abord pour le second tour, pour lequel ils se passeront bien sûr de mon vote (d'après mes calculs et comme je l'imaginais, malgré deux ans d'attentats, Le Pen ne dépasse pas les 7 millions et demi de voix, il est donc inimaginable qu'elle dépasse les 10 millions, et Sarkozy a PERDU la précédente présidentielle avec 16 millions). Ensuite pour les désillusions qui vont suivre (peut-être même dès cette semaine).
Aaah ! Mais le Front Républicain ? Le Front Républicain, c'est aussi que l'abstention fasse un score monstre au deuxième tour, pour montrer qu'il y a quelque chose de véritablement cassé dans cette Cinquième République. Le vrai danger est là.
Nous avons raté une chance de faire vraiment changer les choses, pas seulement en France, mais dans toute l'Europe, et donc dans le monde. Mais vous savez quoi ? Ca n'était pas notre dernière chance, et la France Insoumise, indubitablement, est désormais la principale force de gauche.
Ce que je souhaite maintenant, c'est que Macron passe, parce que je ne suis pas fou, non plus. Mais avec une abstention tutoyant les 40%.
Ce que je souhaite ensuite, c'est que toutes les ambigüités de son positionnement lui explosent à la gueule, avec une offre aux législatives qui ne ressemble à rien et un "leader" pris entre la guerre des sous-chefs que vont inévitablement mener les cuisiniers de son auberge espagnole.
Ce que je souhaite, c'est que le PS de Cambadélis, Valls, Hollande et les autres brûle dans les flammes, et que Hamon, Taubira, Aubry et les quelques personnes valables qui restent dans ce parti se joignent à la France Insoumise pour les législatives. Pour offrir, cette fois, un front commun et invincible.
Et ce que je souhaite enfin, c'est que la France Insoumise montre à l'occasion de ces élections qu'elle est bien plus qu'un seul homme, qui avait énormément de qualités mais aussi des défauts, que les personnes de valeur sont nombreuses en son sein, et que son programme existe toujours. Qu'associée aux progressistes de feu le PS, elle torche méchamment ses adversaires aux législatives. Et que Macron doive se farcir cinq ans de cohabitation avec Mélenchon premier ministre.
A très vite, donc, les amis. On peut toujours y arriver.