Tenez, ben la voilà, la photo du Hulk de 2 mètres 30 en résine qui trônait devant le stand Panini à Angoulême. Celui qu'a l'air de dire "enlève-moi ce spot que j'ai dans la gueule ou je t'explose". Ca se voit pas, là, mais sur le papier blanc collé sur le téton, il y a écrit "ne pas toucher". Faut dire que la pose dynamique de la statue (elle est classe, quand même, non ?) la rendait un peu instable. D'ailleurs, il paraît que le dernier jour du festival, elle a failli tomber, ce qui a donné des sueurs froides à toute l'équipe, le machin fait quand même 200 kilos. J'imagine les gros titres le lendemain : "HULK ECRASE CLASSE DE SIXIEME !!!"
Dans les anecdotes amusantes, il paraît aussi qu'un type s'est pris le poing de Batman dans la tête parce qu'il regardait pas où il allait (oui, parce qu'on peut vraiment pas dire que la statue de Batman était dans le passage) et qu'il était super vexé. Ah, et il y a eu une tentative ratée de braquage de la bulle dans la nuit du vendredi au samedi. Eh, c'est que quelques cartons d'Absolute à 70 Euros le volume, ça peut chiffrer vite ! Quelle aventure, Angougou !
Enfin bref, plus j'y repense et plus je me dis que c'était bien sympa de repasser à Angoulême après quelques années d'abstinence... et j'espère pouvoir y être l'année prochaine. Si je viens, je pense proposer de m'occuper des tirages au sort pour les dédicaces. Je pense pas que j'aurai beaucoup de soucis pour m'imposer, parce que c'est clairement l'aspect le moins sympathique de l'expérience : les petits papiers que l'équipe met trois heures à plier, la cohue de jour de solde pour choper un maximum de papiers, avec les habituels tricheurs et connards qui se plaignent d'avoir gagné pour un auteur qui ne les intéresse pas... Pour l'année prochaine, donc, j'ai eu une idée : Prendre le temps, une demie-heure avant le tirage, de faire noter à tous les participants leur nom sur une liste numérotée correspondant à l'un des artistes, tranquillement. Faire le tirage au sort nous-mêmes, peut-être même en backstage. Annoncer les gagnants et bien noter leur nom pour qu'ils ne puissent pas participer aux tirages suivants (peut-être même les photographier, parce qu'il y en a qui sont foutus de revenir avec un autre nom). Comme ça, on évite la cohue, on n'a pas à faire trois milliards de petits papiers ou à attendre que ceux qui ont gagné finissent par s'exprimer... ça me paraît tout bénef. Ca demande juste un peu plus de temps de préparation.
Bon, je regardais un peu les news de la Comic-Con de New York... et ça m'a inspiré quelques réflexions quant aux différentes tendances pour l'année à venir. A ce stade, il n'est sans doute pas inutile de rappeler que
mes opinions m'appartiennent et ne reflètent pas forcément celles de Panini. Parce que oui, bon, je vais sortir un tout petit peu de mon devoir de réserve, et ma réflexion principale, c'est que DC ne m'a pas l'air sortie de l'ornière, pour rester poli. Eaglesham et Pacheco qui passent chez Marvel, ça me paraît de bien sales coups, et je ne vois pas vraiment de "gros coup" dans l'autre sens qui permette d'avoir de grands espoirs pour l'année qui vient. Surtout, je n'ai pas l'impression (c'est une impression, pas un spoiler) que la sortie de "crise finale" résolve quoi que ce soit au problème d'inaccessibilité de l'univers DC. Et ça, c'est pas une bonne nouvelle.
Parce que rappelons-le : Pour ma part, je ne pense pas que les soucis d'implantation de l'univers DC en France soient un problème d'éditeur, de format de magazine, de périodicité ou autre. Ni même d'auteurs et d'artistes reconnaissables. Le vrai problème, d'après moi, c'est le faible ancrage de l'univers DC dans le lectorat français, dû à une parution bien plus intermittente que celle de l'univers Marvel. Ca, c'est une évidence. Le souci, c'est que les trois-quarts (en étant gentil) de ce que nous avons pu proposer ces dernières années ne s'adresse pas aux nouveaux lecteurs mais aux acharnés qui suivent l'univers DC depuis plus de vingt ans. Et par effet de "contagion", même les comics plus accessibles (j'entends par là des trucs comme
JSA, qui font l'effort de contenir les informations permettant d'être à niveau) peuvent donner l'impression de ne faire référence qu'à des épisodes indisponibles.
Je m'explique : Si on prend un épisode d'
Astro City, par exemple, on sait que l'univers est neuf et que les sagas se suffisent à elles-mêmes. On parle d'archétypes, Busiek crée tout un univers, mais on sait qu'on pourra tout suivre puisque l'univers n'existe pas depuis longtemps. Vous collez une série comme
Astro City dans l'univers DC (et c'est un peu ce qu'est
JSA, quelque part) et le lecteur lambda sera persuadé qu'on lui parle d'événements passés dont il n'a pas connaissance. Ce qui sera parfois vrai, mais qui n'a pas forcément à diminuer le plaisir de lecture.
Mais ces séries-là sont plombées par d'autres qui nécessitent effectivement d'aller faire des recherches sur Wikipedia, simplement pour comprendre ce qu'il se passe (et ça, ça vaut aussi pour les traducteurs).
Cette inaccessibilité n'est jamais plus pregnante que dans les crossovers DC, qui devraient s'adresser au plus grand nombre afin d'élargir le lectorat, et qui sont au lieu de ça complètement impénétrables, en tout cas si on n'a pas lu le premier
Crisis qui date quand même d'il y a pfiou. Je glisse en passant sur le cas
Amazons Attack, beaucoup plus accessible qu'un
Infinite Crisis, mais qui est tout simplement l'un des machins les plus mauvais qu'il m'ait été donné de traduire ces dernières années (histoire, dialogues...). Un exemple : Superman (quand même le "surhomme", donc la quintessence de la domination mâle) qui réussit à convaincre une bande d'amazones assoifées de sang que c'est pas très gentil ce qu'elles font, cela en trois lignes d'un discours rappelant les pires minutes d
'Independance Day ("Mais qu'est-ce qu'il vous arrive ?").
J'avais du mal à comprendre les plaintes de ceux qui réclamaient les tie-ins : D'après moi, c'était un truc à évacuer et à oublier le plus vite possible. Oui, publier les épisodes de
Wonder Woman aurait sans doute rendu la chose vaguement plus claire. Mais à mon sens (et je ne parle ici qu'en qualité de lecteur, je n'ai eu aucun influx éditorial à ce sujet), ça n'aurait fait que prolonger l'agonie. On dira ce qu'on voudra des crossovers Marvel, mais
Civil War,
House of M,
World War Hulk ou
Secret Invasion peuvent se comprendre en ne lisant que la mini-série principale. Le paradoxe est que, sur le marché français, Marvel est suffisamment bien implantée pour qu'on puisse penser qu'elle s'en sortirait en se dispensant de cette règle, mais que DC ne pourra pas s's'imposer durablement si elle ne fait pas d'efforts dans ce sens.
Bon, après, je vois aussi des dangers chez Marvel, hein. Je ne sais pas combien de séries
Avengers le marché peut supporter, je ne vois aucun intérêt aux séries "rétro" genre
First Class ou le
New Mutants à venir... mais la Maison des Idées gère beaucoup mieux l'équilibre entre accessibilité et continuité, je trouve. Tant que DC n'en prendra pas de la graine, je crains qu'on ne continue à en baver pour imposer l'univers.
Cela étant dit, Panini n'a pas l'air disposé à baisser les bras, loin de là. Ce serait juste cool qu'on soit un peu aidés... D'ici là, mon opinion (personnelle, encore une fois) est qu'il faudrait se concentrer sur des runs d'auteurs, en s'inspirant du plutôt bon succès de la ligne Vertigo, en assurant le minimum syndical côté continuité. Je suis persuadé qu'un
Plastic Man de Kyle Baker, au hasard, a plus de chances de trouver un public qu'un
52 dont chaque page nous présente un nouveau personnage inconnu... ou même que certaines sagas
Batman ou
Superman qu'on a lues récemment en kiosque.
Voilà, donc là, c'était l'article du mois où mes visiteurs qui ne lisent pas de comics n'ont pas compris un mot sur deux.
(Image Copyright bibi)