Théâtre, comics et élucubrations diverses : Le Blog de Jérémy Manesse. (Toute rime est purement fortuite)
26 Octobre 2006
Avant que j'oublie, il y a un copain qui a mis en ligne son premier clip. Il s'appelle Nikko, il tenait un rôle dans le télétruc "Mon Incroyable Fiancé", certains s'en souviennent peut-être - vous avez pas honte, d'ailleurs ? -, on a bossé ensemble sur le FIEALD et il fait partie des Genklemen et des Dogz. Oui, ça fait beaucoup, j'aime bien les gens actifs. Attention, il fait plutôt dans le trash, je préfère prévenir, mais là ça reste au niveau du texte, il sort pas sa bite comme il fait souvent sur scène (si si). Le lien, il est au début du message, suivez un peu.
Ca, c'est une image de Une Comédie Légère, ma pièce qui reprend demain et que je vais probablement arriver à évoquer dans chacun de mes articles pour quelques temps. Pour mémoire, c'est une pièce que j'ai écrite et mise en scène.
Et c'est de ça que je voulais parler aujourd'hui, en fait. Souvent lorsque je lis des critiques de spectateurs - dieu que je hais quand les spectateurs décident de se prendre pour des critiques... surtout quand ils paient pas... - sur un certain site connu de billets à prix réduits, je me demande si tout le monde sait bien de quoi il parle quand il parle de mise en scène. Les metteurs en scène eux-mêmes ont-ils tous la même conception de la mise en scène, d'ailleurs ?
En général, quand un spectateur dit "la mise en scène était géniale / pourrie", il parle du décor, des rebondissements de la pièce ou du jeu des comédiens. Ou alors, il n'a pas vraiment idée de quoi il parle mais il essaie d'impressionner sa copine qui va au cours Florent. Ca commence à être intéressant s'il pense à l'emballage du spectacle, au rythme général du spectacle. Ca, ça fait partie de la mise en scène... mais à mon sens, c'est loin d'être tout ce en quoi ça consiste.
Pour certains metteurs en scène, cela dit, ça se résume à ça. Gérer l'aspect visuel du spectacle et laisser les comédiens faire leur vie. Et dans la pratique, il est vrai que 50% de la mise en scène se fait lors du choix des acteurs. Mais une telle façon de procéder implique d'avoir des comédiens 100% autonomes, et c'est rarement le cas. Même le meilleur des comédiens a parfois besoin qu'on lui explique ce qu'il doit jouer, même s'il fait très bien semblant d'avoir compris (et j'en connais qui sont très doués pour ça). Et certains acteurs ont même besoin de savoir sur quel mot ils doivent poser leur verre pour éviter d'être paralysés par le doute (les comédiens sont de grands dépressifs). En tous les cas, il faut parfois pousser le comédien à modifier son phrasé pour que le sens de la phrase passe. Lui ne le fera pas de lui-même, s'il le dit comme ça c'est qu'il a l'impression que c'est clair.
Tout ça peut sans doute paraître un peu évident, mais je ne suis pas si sûr que ça le soit pour tout le monde. Pour moi, le metteur en scène, encore plus que l'auteur, est celui qui doit impérativement avoir toutes les clés de la pièce, saisir tous les sens, celui qui doit se démerder d'une façon ou d'une autre pour que le comédien transmette ces sens, comprenne ce qu'il dit, pour qu'au final, toutes ces fameuses clés soient à la portée du public.
Sur Une Comédie Légère, un des compliments que je préfère est lorsqu'on dit aux comédiens qu'à certains moments on ne sait plus si ils jouent ou pas. Etant donné qu'à trois jours de la première (oui, parce qu'on l'a déjà joué cent fois, je rappelle), j'avais encore des nuances de texte à éclaircir pour eux, et qu'il y a des passages qu'ils ne sont pas encore sûrs à l'heure d'aujourd'hui d'avoir compris à 100%, ça me fait plaisir. Rassurez-vous, hein, c'est rigolo et on comprend bien. Mais il y a beaucoup de sous-texte à maîtriser.
Pour La Fondue Bourguignonne ou j'assiste ma mère à la mise en scène, mon travail a d'ailleurs essentiellement été - puisque tout le reste était déjà fait - de m'assurer que tout le monde savait quoi jouer, que toutes les situations étaient claires. Je ne conçois pas vraiment qu'on mette en scène une pièce à laquelle on n'a pas tout compris.
Tiens, ça me fait penser à une anecdote amusante qu'un camarade m'a racontée : Sur je ne sais plus quelle pièce, un acteur disait la blague suivante : "Mon premier est une salade. Mon deuxième est une salade. Mon troisième est une salade. Mon quatrième est une salade. Mon cinquième est une salade. Mon sixième est une salade. Mon septième est une salade. Mon huitième est une salade. Mon tout est un auteur." La réponse, c'est Lewis Carroll.
(Si tu n'as pas compris, répète-le plusieurs fois, ça finira bien par tilter)
Bon, toujours est-il qu'un soir, le metteur en scène vient voir le comédien et lui dit "dis donc, c'est un peu long le truc de la blague, là, tu veux pas virer deux-trois salades ?"
(Si tu n'as jamais réussi à comprendre la blague, l'anecdote va te passer très très loin au-dessus).
Finalement, ça ne veut souvent pas dire grand chose de dire d'une pièce que c'est la mise en scène qui est bonne ou mauvaise, en la dissociant du reste. Une bonne mise en scène, pour moi, c'est souvent celle où les acteurs n'ont pas l'air d'avoir été dirigés mais où tout fonctionne, celle qu'on ne remarque pas. Marrant, tiens, c'est aussi ce que disait hier le camarade Nikolavitch d'une bonne traduction, sur Superpouvoir.
Tiens, au fait, rien à voir, Panini va commencer à publier le Thor de Simonson, dont une grande partie est inédite en France. C'est-y pas cool ? Moi, je trouve ça cool.
Oh, et vous pouvez écouter un autre copain, Emmanuel Donzella (je sais qu'il a un Blog MySpace, mais j'ai pas l'adresse là tout de suite, ma tite chérie pourra peut-être l'ajouter en commentaire) samedi soir (le 28) sur Europe 1 (104.7) de 23h à 1h. C'est de la musique, aussi. Moins trash. Mais bien, normalement.