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ON EN EST LÀ !

Théâtre, comics et élucubrations diverses : Le Blog de Jérémy Manesse. (Toute rime est purement fortuite)

Les Origines...

On me demande souvent comment il faut faire pour rentrer à Panini, faire des éditos, traduire des comics, apporter sa pierre à l'édifice du comics en France (ou plus clairement : recevoir les BDs gratuit). Je n'ai pas vraiment de réponse à cette question : Des gens très compétents ont essayé, comme les traducteurs de Makma, mais jusque là Panini semble plutôt réticent à embaucher au-delà des gens avec qui ils travaillent déjà, ce qui est un peu dommage pour ceux qui restent dehors mais n'en demeure pas moins plutôt gratifiant pour nous autres collaborateurs "assermentés".

La question qu'il faut peut-être mieux se poser, peut-on se dire, c'est comment moi, je suis entré chez Panini. Ca n'est pas vide de sens, mais comme vous le comprendrez vite, ça ne va pas vraiment vous avancer. Voici donc l'histoire de comment je peux me la péter à prendre des positions lascives sur les berges de New York, en juin 2005, tout en traduisant le Big Book Flash.

1996 n'avait pas été une bonne année pour moi. Canal+ Ecriture avait mis fin au contrat d'auteur qui nous liait parce qu'ils avaient subitement décidé que le film que j'écrivais n'était pas celui qui les intéressait (une info qui aurait pu m'être donnée avant de me filer plus de 36000 francs, j'imagine, mais je ne vais pas me plaindre, c'était l'époque où Canal avait encore de l'argent à claquer n'importe comment). J'avais acheté des tickets pour le concert des Cranberries qui avait été annulé à la dernière minute (pour crise d'anorexie de la chanteuse, si mes souvenirs sont bons... Elle ne s'en est jamais vraiment remise, d'ailleurs, il me semble, vu que j'ai trouvé les albums suivants du groupe inécoutables... mais je m'égare). Ma vie sentimentale ressemblait aux pièces de Cube (où toutes les pièces se ressemblent et sont vides, à part quelques-unes où vous en prenez plein la gueule). Et en fin d'année, j'apprends en même temps que tous les fans de comics qui lisent ces lignes que "Marvel, c'est fini". A l'époque - une époque où je ne travaillais pas encore pour Panini, donc, et où les comics étaient surtout un passe-temps assez cher qui permettait à mes parents de m'interroger régulièrement sur quand est-ce que j'allais laisser tomber ces bêtises en plus on a un peu besoin des quatre étagères là -, je vois ça comme la conclusion logique d'une année de merde.

Je me souviens que la première fois que j'ai vu les revues Panini chez Album (X-MEN, SPIDER-MAN, mais surtout AVENGERS, SILVER SURFER), mon sentiment a été celui d'un truc un peu surréaliste, comme si ces revues ne pouvaient pas vraiment exister. Pour moi, les comics, c'était Strange, Nova, Titans (même si j'achetais déjà à l'époque de la VO) et bizarrement, mon esprit avait du mal à saisir le concept. Comme si je n'allais trouver dans ces revues que des rééditions, ou je ne sais quoi. J'étais tellement sur l'idée que "Marvel, c'est fini", que ces revues ne me paraissaient pas vraiment réelles.

Bref. 1997 et aussi l'année où j'ai eu ma première connexion Internet. A cette époque si lointaine et pourtant si proche, où je discutais comics dans des newsgroups et non des forums et où le mot "Blog" n'existait pas, mon but premier était justement celui-ci : De partager mes commentaires avec les fans de comics américains, sans du tout penser que ça pouvait déboucher sur quoi que ce soit. Vient rapidement un jour où je me retrouve à m'exprimer sur la Saga du Clone - qui s'était achevée aux Etats-Unis mais battait son plein en France. Je me souviens que mon commentaire était de n'avoir pas trouvé finalement l'ensemble si pourri que la vindicte populaire l'avait décrété. Certes, l'histoire avait par la suite trop traîné en longueur, mais je trouvais les premiers pas de Ben Reilly en tant que Spider-Man tout à fait convenables, et l'entreprise en elle-même relativement couillue. Je n'ai pas relu la saga depuis, au fait, on verra si j'en pense la même chose quand l'album Omnibus recueillant l'intégralité de l'affaire sortira fin 2007 en France.

Toujours est-il que le lendemain, je trouve dans ma boîte e-mail un message de Marco Lupoi, überboss de Panini Comics, me disant qu'il a vu mon message, que ça n'est pas si souvent qu'on trouve un français sur les newsgroups américains, qu'il a apprécié mes commentaires, qu'il est content que je lise les revues Panini, tout ça. Ma première réaction est de trouver ça plutôt très sympa d'avoir pris le temps de taper ce petit message. La deuxième est de mettre violemment le pied dans la porte : Au fait, lui dis-je, je suis auteur, si vous cherchez des gens, machin tout ça.

Il se trouve qu'on était au tout début de l'aventure Panini en France et que l'équipe éditoriale était très, très réduite. De plus, si tout le monde à la rédaction avait suffisamment de culture comics, quasiment tous étaient des transfuges de la maison mère italienne, et l'idée d'avoir quelqu'un de Paris, qui sache en plus faire une phrase correcte, ne leur déplaisait pas. Lupoi m'a immédiatement redirigé vers Sébastien Dallain, avec qui le contact est très bien passé, ainsi qu'avec Pierre-Jean Reboton que j'ai rencontré à Angoulême en 98. Entre-temps, j'avais écrit un article test pour Sébastien (un truc sur Xavier et comment il en était arrivé à devenir Onslaught) qui l'avait convaincu et j'ai commencé par écrire quelques piges, après avoir rencontré toute l'équipe à Angougou.

Assez vite, Pierre-Jean a tenu à ce que je récupère les courriers des lecteurs. Je me suis ensuite très bien entendu avec Christian Grasse (que je n'ai pourtant vu en vrai qu'une seule et unique fois, en 99) et j'ai commencé à donner mon avis sur les plannings éditoriaux, en étant écouté plus souvent qu'à mon tour. Je me suis aperçu que sous ses airs de grosse machine, Panini fonctionnait aussi et peut-être même surtout comme une petite famille, à laquelle je me suis intégré petit à petit. Même si déjà à l'époque, je tannais tout le monde pour qu'on récupère la licence Preacher.

C'est à l'époque où j'étais rédacteur de WIZARD VF (pour lequel je choisissais les articles US à publier et écrivait une partie du contenu franco-français) que j'ai eu pour la première fois l'occasion de traduire du matériel américain. Des articles, d'abord, essentiellement, même si très tôt j'ai lorgné du côté des comics. A vrai dire, mes premières tentatives en la matière remontent à l'époque de Sémic, à qui j'avais envoyé des épisodes Marvel que j'avais traduits moi-même. J'ai eu quelques BDs publiées dans WIZARD à traduire (toujours ce pied dans la porte, vous avez remarqué ?). Mais ça n'est qu'avec l'arrivée dans notre giron des licences DC et surtout Vertigo/WildStorm que j'ai vraiment pu prendre ma place en tant que traducteur, ce qui m'éclate au plus haut point, tout comme les séances de brainstorming où nous débattons des plannings à venir.

Voilà donc pour ma "success story", où comment Internet - un truc que beaucoup trouvaient encore assez bizarre à l'époque et ne voyaient pas bien à quoi ça pouvait servir - m'a permis en à peine trois mois de trouver du travail dans le médium qui me passionne depuis que j'ai dix ans (mes parents ont mis un moment à s'en remettre). Des conditions assez exceptionnelles, vous l'avez constaté - et reposant en partie sur un gros coup de bol -, qui n'éclaireront pas beaucoup ceux d'entre vous qui cherchent encore où est la porte dans laquelle il faut mettre le pied, mais voilà, vous savez tout de mes Origines.

(Image Copyright Tite Chérie)

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P
Quel bel article...je confirme tout ce qu'il dit <br /> Pierre-Jean
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J
PJ ! Bienvenue dans ma zone !<br /> N'hésite pas à m'appeler le jour où tu as l'occasion de venir voir un spectacle ! On en profitera pour s'en jeter un...
S
Pas mieux que les autres, article assez sympa. 10 ans déjà, j'ai l'impression que c'était hier et ça me fait penser que ça fait un sacré moment que je lis du comics.<br />  <br /> Par contre, pour le côté surréaliste des premiers comics Vf made in panini, je n'ai pas eu ce sentiment là, moi. Bien au contraire, puisque les comics X-men étaient enfin publiés logiquement et surtout ... j'étais trop content de voir qu'en fait .... ce n'était pas fini !
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C
Bonjour Jérémy ;-)<br /> <br /> Très sympa l\\\'idée du blog et le blog lui-même.<br /> <br /> Et cette narration de tes débuts chez Panini m\\\'a renvoyé pile 10 ans en arrière quand, à peine débarqué 6 mois plus tôt chez Semic, je me suis retrouvé dans la charette qui a vu tout le monde lourdé pour cause de perte de licence Marvel... et récupéré quelques semaines plus tard par Marco Lupoi pour vite vite lettrer Wolverine, Venom, X-Force et X-Factor ;-) Ah ! Début 97... <br /> <br /> C\\\'est drôle, il semble qu\\\'on a été quelques uns à être allés pour la première fois à Angoulême en 1998. C\\\'est là aussi que j\\\'ai rencontré le grand Seb ;-) Par contre, je n\\\'ai pas souvenir de t\\\'y avoir croisé cette année-là...<br /> <br /> Merci pour cette petite séquence nostalgie dans mon crâne. Je me souviens avoir eu à peu près les mêmes impressions que les tiennes quand sont sortis les premiers titres Marvel France en kiosque... Surréaliste un peu.<br /> <br /> Je suis super content d\\\'être encore là 10 ans après avec du taff comme jamais et toujours le même plaisir à participer à cette aventure.<br /> <br /> Au fait, il y aura quelque chose de prévu à Angoulême prochain pour marquer le coup ? Je veux bien me charger de quelques bouteilles de champagne ! :-)
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J
Oh, ben c'est rigolo de te voir là... Ca fait bien longtemps.A ce que je sais, il n'y aura pas de célébration avec tout le monde à Angoulême même (ç'aurait été trop compliqué de rameuter tout le monde là-bas) : aux dernières nouvelles, l'idée était de faire un grand truc en février à Paris... Mais je ne sais pas où ça en est.
M
Woah, l'autre, eh!Non, mais, sinon, raconter un peu comment ça s'est passé la création du forum de ton côté, une p'tite rétrospective en 16 phrases de 16 mots, quoi...Sinon, j'ai commencé les comics au mois de novembre 1996, le mois précédent la fin de Marvel chez Sémic. Oui, je porte la poisse.Ou alors, vu qu'on était en pleine saga du clone, c'est ce crossover arachnéen qui porte la poisse...
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K
Jérémy Manesse : les origines. En espèrant qu'on n'aura pas Jérémy Manesse : La Fin! :)Très intéressant.
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