Théâtre, comics et élucubrations diverses : Le Blog de Jérémy Manesse. (Toute rime est purement fortuite)
17 Avril 2007
Attendez-vous à beaucoup de digressions dans cet article. Tout se mélange dans ma tête depuis que tite chérie est partie (oui, je sais que ça fait que deux jours, mais je suis déjà en panique). Vous voyez, ça commence.
J'entends souvent grogner après les relecteurs / correcteurs de Panini. C'est globalement assez injuste, parce que quand ils font bien leur boulot, c'est-à-dire la plupart du temps, personne ne le remarque. Normal, ils opèrent très très dans l'ombre, il faut même bien chercher pour les trouver au générique de l'album. Et puis, je sais que ça vous fait une belle jambe, mais les derniers mois ont été assez cinglés à la rédaction, et les relecteurs se sont retrouvés en violent sous-effectif.
Bon, d'un autre côté, ce sont parfois les traducteurs et lettreurs qui sont blâmés par les lecteurs pour des erreurs qui sont survenues plus tard dans le processus éditorial. Il m'arrive à moi-même de grogner, hein, d'ailleurs. Pas plus tard que la semaine dernière, en découvrant que la relecture avait pris l'astuce de traduction dont je m'enorgueillais dans un précédent opus (dans l'album Promethea) pour une faute de frappe (sans doute), j'ai piqué une colère. Petite, hein, je fais rarement les grosses colères, surtout quand je parle à des gens qui me paient plutôt très bien pour faire quelque chose que j'adore. Après discussion, ce devrait être la dernière fois que j'aurai ce genre de mauvaise surprise en "vérifiant" le produit fini.
Notez qu'en temps normal, je ne suis pas du genre à étaler ce genre de petites mises au point d'arrière-boutique en public, ma position est plutôt de dire que les albums sont un travail collectif et que c'est à l'ensemble des collaborateurs d'assumer les erreurs, si elles ont lieu, sans chercher à livrer un "responsable" en pature à la vindicte internaute. Je suis pas une balance, autrement dit. Mais en l'occurrence, je pouvais difficilement passer la chose sous silence : Même si je n'ai jusqu'ici vu qu'une personne relever le bug (apparemment, tout le monde est globalement assez content de l'album Promethea), j'ai quand même fait un article entier sur cette astuce en particulier.
Et puis sans nous chercher d'excuses, on est à l'ère de l'approximation. En matière de relecture, on pourrait en remontrer à beaucoup, ne serait-ce qu'aux journaux télévisés. À l'instant, je viens de voir un reportage sur LCI à propos de Spider-Man 3, avec à la clé une interview du célèbre Tobey Mc Guire... C'est ce qui était écrit, en tout cas. Quand la rédaction d'une chaîne d'information n'est pas foutue de relever un truc qui ferait pouffer même ma petite soeur (qui malgré sa toute nouvelle carte d'électeur s'intéresse autant aux informations que moi aux dernier résultats de foot), il y a de quoi s'interroger sur le sérieux et la pertinence de ses sujets en général.
Enfin, blague à part, tout le monde sera sûrement content d'apprendre (nous les premiers) que deux tout nouveaux relecteurs / correcteurs viennent de se joindre à l'équipe Panini.
Un membre du forum Panini et fréquent commentateur de ces colonnes nommé Adinaieros, jamais le dernier pour mettre un peu d'ambiance, m'a récemment interpellé à propos d'une bulle de traduction dans un des deux numéros d'X-MEN que j'ai récemment traduits. Pour paraphraser, on y disait qu'Apocalypse, un ennemi des X-Men et génocideur patenté, s'apprêtait à "nettoyer la planète au Kärcher". L'ami Adi y a vu à la fois une référence à un candidat à l'élection présidentielle que je ne citerai pas (du moins pas dans cette phrase) et une mise en parallèle de ce candidat avec le meurtrier de masse en question.
Avant toute chose : Non, je ne mets pas Sarko sur la même marche qu'Apo. Ce genre de raccourci facile a fait de Le Pen ce qu'il est aujourd'hui et la caricature est rarement la meilleure arme contre l'extrêmisme. Et oui, dire cela implique que je pense que Sarko a été trop extrême dans ces propos, mais... laissez-moi aller au bout.
(Cela dit, c'est sans doute le bon moment pour préciser que sur mon blog, et dans cet article plus que dans tout autre, les opinions exprimées n'engagent que moi et ne représentent probablement pas celles de Panini, de ses dirigeants et bla bla bla et bla bla bla.)
La question d'Adinaieros est cependant doublement intéressante : D'abord politiquement, et ensuite du point de vue de la traduction. Je vais commencer par là, d'ailleurs, parce qu'à force vous allez penser que cet article n'est qu'une immense digression.
Oui, parce que le mot Kärcher n'était évidemment pas utilisé dans la VO. De mémoire, on disait qu'Apocalypse "is going to wipe out the planet". Mais voilà, parfois la traduction, à mon sens, doit s'autoriser à aller au-delà du texte traduit, car certaines formules en anglais sont bien plus percutantes que les formules équivalentes en français. Se contenter d'un "nettoyer la planète" me paraissait un peu plat et j'ai donc souhaité muscler la formule. Je trouve ça toujours souhaitable de muscler une traduction, d'ailleurs, et d'éviter d'être trop sage et trop lisse (toutes proportions gardées, bien sûr). J'aurais pu utiliser le terme "raser", lui aussi assez violent, mais finalement j'ai choisi le "Kärcher". Est-ce que les mots de Sarko m'ont traversé l'esprit ? Possible, mais c'est en premier lieu le fait que l'expression était forte dans les esprits, et permettait davantage d'ancrer l'histoire dans la réalité, de la rendre moins anecdotique, qui m'a décidé. Par les temps qui courent, le fait qu'il puisse y avoir ce genre de discussion à propos d'un épisode d'X-Men a tendance à me conforter dans mon choix.
Et puis deuxième point : Il faut pas déconner. L'expression existait avant que Sarkozy ne s'en serve, elle était violente avant lui et c'est justement la violence de l'expression et de l'intervention de l'ex-ministre qui a choqué (quoique pour ma part ça n'est pas tellement le terme de"racaille" utilisé qui m'a fait froid dans le dos, je trouve appréciable que les politiques puissent utiliser le même langage que nous... Non, c'est la suite de la phrase qui pour moi a des relents très très nauséabonds : "Vous en avez marre de cette bande de racailles... On va vous en débarrasser". Le côté définitif de la formule glace quand même pas mal... Dieu qu'elle est longue cette parenthèse).
C'est quand même pas ma faute mais de la sienne si maintenant le terme lui est indissociable. Et qu'on ne me dise pas que c'est la faute des médias : Pour le coup, je me joins à la meute (je l'ai déjà fait dans un autre article, mais j'ai très très la flemme de le retrouver) pour fustiger la façon dont les journalistes sont acquis à la cause de l'UMP (au fait, si ils perdent, est-ce qu'ils peuvent toujours s'appeler comme ça ? Ca veut pas dire "Union de la Majorité Présidentielle" ?). Quand même, par effet boomerang, Alain Duhamel, pas exactement le porte-flambeau de la dénonce, s'est retrouvé bombardé "rebelle" du journalisme juste parce qu'il a avoué vouloir voter Bayrou. On en est là.
Mais je m'égare. Histoire d'étayer les deux points précédents (à savoir l'association indélébile qui s'est faite entre Sarkozy et la marque qui en a un peu plein le dos d'une part, la partialité des médias d'autre part), je vous invite à suivre ce lien qu'un camarade m'a fait suivre. Des images d'abord assez amusantes, et ensuite assez révélatrices de la main-mise de l'équipe Sarkozy sur les médias... Parce que comme l'indique l'article, les images n'ont été reprises nulle part à la télé. Ce que je trouve assez énorme, parce que si un représentant du camp d'en face s'était autorisé un truc du même genre, tout le monde lui serait tombé sur le dos à coup sûr. Attention : Vous me connaissez, je ne remets pas en cause le droit de cette dame à faire des blagues, même pas drôles. Je préfèrerai que ce genre de dérapage puisse être diffusé sans qu'on en fasse forcément tout un pataquès. Mais en l'occurrence, il y a deux poids, deux mesures... et ça c'est pas bien.
On s'est pas mal éloignés de la traduction, hein ? Ah, bah, le premier tour approche, hein, et c'est vrai que je suis surpris de pas avoir plus parlé politique ici ces derniers mois. C'est la faute d'Adi, voilà. Je vais pas vous dire là comme ça ce que je vais voter, hein, ça demanderait pas mal d'explications (je ne suis pas du genre à me contenter d'un "j'ai toujours voté ça"). Et je suis encore pas mal indécis, en fait. Et puis sans doute que tout le monde s'en fout. Mais bon, c'est mon blog. Peut-être un de ces jours.
Allez, j'arrête de mettre les liens vers les anciens Perdu Dans la Translation à la fin des articles, vu que maintenant il vous suffit de cliquer sur la catégorie pour les voir apparaître. Ah, et maintenant, le premier qui trouve l'allusion à Royal dans mes trads des prochains mois a gagné un bisou ! Mais Adi, laisse les autres jouer, un peu.
(Image Copyright Marvel)