Théâtre, comics et élucubrations diverses : Le Blog de Jérémy Manesse. (Toute rime est purement fortuite)
19 Avril 2010
C'est peut-être un peu tôt pour le dire et je peux me tromper, mais je crois bien que Kick-Ass est mon film préféré parmi toutes les adaptations de comics auxquelles on a eu droit jusqu'à aujourd'hui.
Attention, hein, je ne dis pas forcément qu'il s'agit de la meilleure adaptation, pour la bonne raison, déjà, que je n'ai toujours pas lu la BD de Mark Millar et John Romita Jr. Mais de ce que j'en ai entendu, le scénario de Matthew Vaughn a effacé tous les défauts du comic-book (à savoir l'excès de cynisme dont peut faire preuve Mark Millar, et un personnage principal très antipathique). Ce qui est certain, c'est que c'est de très loin le film "de super-héros" le plus marrant qui existe, et que ça fait un petit bout de temps que je n'étais pas ressorti d'une salle de cinéma convaincu que je reverrais le film à un moment ou à un autre.
Faut dire que de visionner le film (qui sort mercredi prochain) à l'occasion d'une avant-première devant une salle remplie de fans de comics a priori entièrement acquis à sa cause, ça aide. L'enthousiasme qui parcourait la salle était de plus en plus palpable au fur et à mesure du film, jusqu'à culminer dans son troisième tiers... A la troisième salve d'aplaudissements pour ponctuer un temps fort du film, on peut déduire que les gens ont l'air d'aimer.
C'est un terme que je n'utilise pas souvent parce qu'il est un peu trop galvaudé, mais j'ai trouvé ce film génial. D'abord parce que, comme je viens de le dire, je me suis davantage marré au cours de cette projection que pendant n'importe quelle comédie que j'aie pu voir récemment... y compris celles qui étaient réussies. Ensuite, parce que je découvre le putain de réalisateur qu'est Matthew Vaughn. J'avais bien aimé Stardust et je n'ai pas vu Layer Cake, mais en tout cas, là, il est carrément monté d'un cran. Les scènes d'action sont d'une inventivité et d'une clarté qui font plaisir en ces temps de "je secoue la caméra pour qu'on se sente au centre de l'action", chacune d'elle a une véritable identité et les musiques d'accompagnement sont toujours judicieuses (j'ai adoré qu'ils aient pu chourer un passage de la musique de 28 Jours Plus Tard, par exemple). Cette fraîcheur des scènes d'action m'a rappelé celle, à l'époque, d'Equilibrium, j'avais eu le même genre de sensation.
Mais là où Vaughn maîtrise vraiment son sujet et qu'il démontre qu'il est un réalisateur à suivre, c'est dans le talent dont il fait preuve pour mélanger les genres. On rigole beaucoup, certes, mais certaines scènes sont aussi super touchantes. Et Vaughn réussit parfois l'exploit d'aller de l'un à l'autre au cours de la même scène... merde, de la même phrase ! La virtuosité des scènes d'action d'Hit-Girl, également, est à mettre en parallèle avec les premières "aventures" de Kick-Ass, où l'exploit consiste pour lui à ne pas en prendre trop plein la gueule. Du coup, on comprend vraiment sa réaction de désespoir en rentrant chez lui, après sa rencontre avec la petite machine à tuer.
Maîtrise dans le sujet, aussi. La polémique américaine autour d'Hit-Girl ne m'intéresse pas beaucoup, j'ai adoré l'humour noir du duo Hit-Girl / Big Daddy, et Nicolas Cage (que j'avais pas vu aussi bien depuis longtemps) m'a fait penser à ces parents qui surentrainent leur gamin pour qu'ils deviennent champions de patinage artistique ou de gymnastique sur barres asymétriques. Oui, me dira-t-on, mais là on est censés s'attacher aux personnages. Et alors ? Les méchants de Kick-Ass sont tout aussi attachants, jusqu'au big boss Mark Strong (bien meilleur que dans Sherlock Holmes), dont l'évolution dans le film a été parfaitement résumée par un spectateur dans la salle au cours du film : "Comment il est à la rue, lui". D'ailleurs, le moindre petit sbire de Frank d'Amico a son heure de gloire ou sa petite vanne, et c'est une autre des grandes réussites du film : Les seconds rôles cartonnent tous. Et bien sûr, les premiers ne sont pas en reste.
Et pour ceux qui hésiteraient à aller voir le film en pensant qu'il ne s'adresse qu'aux "geeks" et qu'ils vont louper la moitié des références (un peu ce que les gens craignent parfois en venant voir A Suivre), n'ayez pas peur : J'y étais avec tite chérie qui ne m'a demandé qu'une seule fois dans tout le film pourquoi les gens riaient, parce qu'elle avait senti qu'il lui manquait une référence ("With no power comes no responsibility").
Comme je le disais en présentant le film à une salle qui ne m'écoutait, il faut bien le dire, que par intermittence, c'est un film qui n'était faisable que maintenant que beaucoup de films de super-héros ont cartonné, en tout cas dans l'optique de toucher un public plus large que les simples amateurs de comics. Franchement, si vous avez vu un Spider-Man et/ou un Batman, vous pigerez 95% des "private-jokes".
Non vraiment, je ne trouve rien à redire à ce film... qui est à Spider-Man ce que Starship Troopers était à Star Wars ! Foncez, foncez, foncez !
(Image Copyright Lionsgate)