
Ca fait quelques semaines déjà que j'ai fini de visionner, en Blu-ray, la première saison de
Fringe, la dernière création télévisuelle de J.J. Abrams, créateur d'
Alias et
Lost. Je me suis depuis lancé dans un marathon
Prison Break (eh oui, j'en étais resté à la première saison) et la série m'était un peu sorti de la tête, ce qui en dit sans doute long sur sa qualité à moyen terme, mais bon, voyons ça.
Normalement, voilà une série qui a tout pour me plaire. Un genre de
X-Files sans le rythme Derrickien de la vieille série, qui rappelons-le mettait six saisons à fournir autant de rebondissements que dans un épisode d'
Alias ou
24 Heures. Un auteur que j'apprécie aussi bien à la télé qu'au cinéma, je suis très client de la "méthode" Abrams, qui apporte un regard nouveau mais respectueux sur des grandes franchises, comme
Mission Impossible 3,
Star Trek ou
Cloverfield (qui est un genre de relaunch de
Godzilla, hein... ou de
Blair Witch Project, au choix) et qui sait faire d'excellents pilotes de séries.
Il y avait aussi des raisons de douter, hein.
Alias était génial... pendant deux saisons, avant de se vautrer méchamment dans les trois dernières. Mais ça a eu le mérite d'enseigner aux "showrunners" que quand on annonce un mystère dans une série, ça peut aider de savoir où on va, contrairement à ce qui s'est passé avec le foutoir Rambaldi. Et puis les auteurs à la tête de
Fringe sont responsables des scénarii des deux
Transformers, ce qui peut inquiéter. Mais aussi du fameux
Star Trek, ce qui peut rassurer.
Alors
Fringe est-il un nouvel
Alias ou un nouveau
Lost ? Ben, la série est plus proche d'
Alias, d'une façon très évidente, puisque l'héroïne pourrait être un genre de grande soeur de Sidney Bristow. De plus, la qualité générale des dialogues est plus proche d'
Alias que de
Lost, dont les dialogues sont souvent excellents. Ici, c'est très, très inégal.
Le concept de la série est assez simple : Chaque épisode commence par un "cas" étrange d'événement surnaturel, même si le mot n'est pas forcément le bon. Ce sont plutôt des cas où la science est poussé jusqu'aux frontières de la science-fiction (et souvent bien au-delà, disons-le franchement). Une équipe du FBI à la X-Files est chargée de résoudre ces enquêtes, qui apparaissent bientôt comme liées par un genre de grand complot, parce qu'on est au 21ème siècle et que l'ère des séries qui n'ont pas de "mythologie" (ou de "continuité", ou de mystères à long terme, comme vous voulez) est révolue.
Ce qui fonctionne : Les fameuses scènes d'intro, souvent excellentes. Et le personnage de John Noble (qui apparemment n'obtiendra plus que des rôles de cinglé depuis son interprétation de roi fou du Gondor), un ancien savant fou devenu fou tout court, qui fait de la science comme on tient un garage, et qui illumine (et sauve parfois) chaque scène où il est présent. Il faut bien le dire, sans ce personnage, la série ne vaut pas grand-chose, car elle souffre du syndrôme "on n'a pas le temps, putain".
Pour info, le syndrôme "on n'a pas le temps, putain", c'est quand l'action pourrait avancer très vite, mais que l'épisode doit durer 42 minutes ou qu'un rebondissement ne doit pas être révélé avant six épisodes de plus. Dans ce cas, l'un des personnages (souvent celui d'Anna Torv, en l'occurrence) se retrouve bouffé par un problème psychologique à deux balles (du genre c'est l'anniversaire de la mort de son chien alors il est sur les nerfs, ce genre de truc) qui le pousse à retarder le scénario de façon complètement artificielle en traitant son entourage comme du poisson pourri et en prenant de mauvaises décisions. Ce qui fait en général dire au spectateur "On n'a pas le temps, putain". Voir aussi Sara Tancredi dans
Prison Break ou une immense partie du casting de
Lost avant la saison cinq. Sauf que dans
Lost, j'ai toujours senti un genre de second degré dans la démarche, du genre : On est censés se foutre de leur gueule.
Tite chérie n'a tenu que quelques épisodes. Il faut dire qu'on a fait l'erreur, un soir, d'enchaîner une paire d'épisodes de
Dexter avec un épisode de
Fringe, et que ça n'a fait qu'exacerber les défauts de la seconde. Cela étant dit, le cliffhanger de fin de saison est assez chouette, la guest-star donne envie, et le personnage de Noble est vraiment attachant. J'attendrai le Blu-ray de la saison 2, donc, mais ce serait bien que la qualité monte d'un cran.
Et puisqu'on parle de
Dexter, mon petit coup de gueule contre la campagne de pub de Canal + qui nous grille, j'imagine, le début de la saison 4 alors qu'on est toujours à la 2. Ben oui, on n'a pas Canal, les DVDs belges n'en sont qu'à la saison 2, et TF1 vient seulement de réaliser qu'ils étaient assis sur les droits depuis quatre ans. Rappelons en effet que les DVDs ne sortent pas officiellement en France parce que le contrat d'exclusivité stipule que TF1 doit d'abord avoir diffusé les épisodes. Du coup, on a attaqué le visionnage de la saison 3... comme on a pu. Parce que merde.
D'un autre côté, on peut voir la campagne de pub comme un gros doigt de Canal à TF1, ce qui rend la chose plus savoureuse.
(Image Copyright Fox)