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ON EN EST LÀ !

Théâtre, comics et élucubrations diverses : Le Blog de Jérémy Manesse. (Toute rime est purement fortuite)

Lost : The End

lostfinaleBon, hier soir, avec ma tite chérie, on a regardé l'épisode final de Lost. Forcément, pour en parler, je vais devoir rentrer dans les détails, mais d'abord, quelques mots sur l'humeur bizarre dans laquelle je me trouve. Ne vous inquiétez pas, je préviendrai quand je basculerai en mode Spoilers. (Oui, je sais que l'image que j'ai choisie est un genre de spoiler. Mais il est assez léger et l'image était vraiment trop appropriée pour que je passe à côté).

Même si je n'ai pas vraiment le temps de m'apesantir dessus (ma trad du deuxième volume de la JLA de Morrison m'attend de pied ferme), cet épisode m'a plongé dans une espèce de mélancolie, un peu du genre de celle que j'avais éprouvée à la fin de Six Feet Under. Sans comparer, hein, j'ai beau adorer Lost, Six Feet Under était beaucoup plus poignant et profond, mais voilà quoi. C'est fini. A pu Lost.

J'ai continué à me faire balader d'épisode en épisode depuis mon "checkpoint" de mi-saison. J'ai adoré le fait que, jusqu'à ce que cet épisode final commence, je n'avais aucune idée de ce qu'il allait contenir et de comment ils allaient boucler l'affaire. Un truc devenait évident au fur et à mesure de la saison 6, cependant : Ceux qui attendaient surtout des réponses allaient sans doute être déçus. Ceux qui attachaient plus d'importance aux personnages allaient davantage apprécier. Il y a eu des réponses, mais beaucoup de questions sont restées en suspens, et comble de la provoc', d'autres questions ont été rajoutés à la pile.

Personnellement, ma seule crainte (et là, j'entre dans les spoilers pour ceux qui n'ont encore rien vu de la saison 6) était que les flash-sideways, quelle que soit leur explication, amoindrissent tous les sacrifices faits par les personnages au cours de la série. J'étais intrigué par le concept et où ça pouvait mener, et comme je l'ai dit précédemment, je pensais qu'on allait vers un truc où les deux réalités fusionnaient, un truc du genre, mais par exemple (j'entre encore plus dans les spoilers pour ceux qui n'ont pas vu les épisodes précédant le final) je pense n'avoir pas été aussi ému par la mort de Sayid, Sun et Jin que j'aurais dû l'être, tout simplement parce que leur survie dans une autre réalité semblait indiquer que tous ces sacrifices étaient "pour rien", comptaient pour du beurre, et pouvaient être "annulés" par la suite. Il se trouve que non, et que c'était un peu le sujet de la série. Et qu'en prenant ça en compte, la fin de la série était la seule qui pouvait fonctionner.

La plupart des critiques que j'ai lues concernant la fin, et donc la série dans son ensemble, sont du calibre "ils ont pas dit pourquoi ça", "moi j'aurais plutôt fait ça", "ma version est mieux", "j'ai rien compris", "en fait, on sait rien". Les gens étaient attachés au Lost au point d'être un peu possessifs, c'était "leur" série. Mais c'était d'abord la série de leurs auteurs, et ils sont allés au bout de l'histoire qu'ils voulaient raconter. Vous avez les glandes parce qu'on ne sait pas d'où sort la statue, pourquoi les bébés conçus sur l'île tuent leur mère, qui était Henry Gale, ce qui s'est passé après la Purge ? Il y a une centaine de théories sur le Net, vous-même en avez sûrement élaboré une dizaine pendant ces six années, j'ai fait pareil. Et vous savez quoi ? C'est sans doute votre théorie qui est la bonne. Rien de ce qui arrive dans l'épisode final ne rend vos théories moins plausibles, et même, vous pourrez en élaborer d'autres à l'avenir. Les mystères de Lost sont à mettre dans le même sac que ce que dit Bill Murray à l'oreille de Scarlett Johansen à la fin de Lost in Translation, est-ce que Harrison Ford est un répliquant ou pas... Chacun amène son bagage en regardant Lost et élabore SES réponses en conséquence... et c'est exactement ce qui arrive aux héros de l'histoire. Tous amènent leur bagage sur l'île et élaborent leurs réponses. Et tout le monde a raison. Mais j'y reviendrai.

Ce qui est amusant, c'est que l'absence de réponses fait peut-être bisquer, mais que donner des réponses aurait sans doute été pire. Voir les réactions mitigées à quasiment toutes les révélations qui ont été faites cette saison, de la part de ceux qui ont consacré des années à élaborer les théories les plus complexes.

Là où ce dernier épisode est indubitablement une réussite, que l'on ait soif de réponses ou pas, c'est au niveau affectif. Je ne compte pas le nombre de fois où j'ai eu la larme à l'oeil, et où tite chérie a quasiment explosé en sanglots, elle qui avait lâché la série au milieu de la saison 2. Un épisode par ailleurs terriblement dense, malgré ses 1 heure et 40 minutes, et particulièrement bien dialogué. Mais pour aller plus loin, il va falloir que j'entre dans les spoilers, les vrais, les gros. Allez donc voir l'épisode, et lisez la suite ensuite.

Il se trouve qu'hier après-midi, ma tite chérie et moi étions à la maternité, pour notre échographie du second trimestre. C'est notre premier, c'est un garçon, il doit naître en octobre, tout se passe bien, je suis le plus heureux des hommes, voilà, c'est dit. C'est sans doute l'un des moments les plus importants de mon existence, mais il est personnel, et je n'avais pas forcément l'intention de l'évoquer dans ces colonnes. Mais voilà qu'en attaquant ce dernier épisode de Lost, la première grosse scène d'émotion est celle représentée par la photo en haut de la page. Quand Juliet commence l'échographie de Sun, tite chérie a lancé joyeusement un "oh, c'est nous !"... A peu près trente secondes plus tard, alors que les souvenirs de l'île affluaient dans les mémoires de Sun et Jin, elle n'arrivait plus à retenir ses sanglots. Et ça a été comme ça quasiment à tous les "flash-backs", au point que tite chérie a fini par me demander "Putain, ils sont encore beaucoup à devoir se souvenir ?".

C'est évidemment la grande force de la série télé par rapport au cinéma. De simples montages de trente secondes ont une force affective qui est tout simplement impossible à obtenir au cours d'un film d'une heure et demie. Ce sont six ans de leur vie, de notre vie, qui sont résumés ainsi, et la force de ces passages est immense, grâce aussi à la musique magnifique de la série. C'est aussi fait avec beaucoup plus de finesse et de goût, j'ai trouvé, que les scènes équivalentes du dernier épisode de Battlestar Galactica, très lourdes, mal amenées et qui ne nous avaient pas émus pour un sou.

Du côté de la vraie réalité, l'histoire des rescapés du vol Oceanic est bouclée, et un nouveau chapitre de l'histoire de l'île commence. Je dois dire que j'ai été assez surpris qu'il reste des survivants à la fin de l'histoire (eh, qui aurait aimé voir les aventures de Richard découvrant notre monde dans un one-shot ? Miles et Sawyer montant une boîte de détectives privés ? Jungle Claire apprenant à changer les couches ?), ce qui montre à quel point les auteurs ont bien su faire monter la pression lors des derniers épisodes. Et peut-être que, finalement, les flash-sideways ont participé à ça, puisqu'ils nous faisaient miroiter une happy-end qui nous permettait d'envisager le pire pour la réalité de l'île.

Ce qui rend la dernière scène d'autant plus poignante et importante puisqu'elle affirme et certifie que la réalité de l'île était bien la seule réalité, qu'aucune règle de la série n'a été violée, que Whatever Happened Happened et que Dead is Dead. Et d'un coup, toute la série m'est un peu remonté à la gueule. Sun et Jin sont bien morts noyés dans un sous-marin. Locke est bien mort tué par Ben dans une chambre d'hôtel minable, ses rêves de grandeur écrasés. Cette série a été la plus cruelle avec ses personnages principaux de mémoire de téléspectateur. Et malgré toutes ces morts, malgré tous ses sacrifices qu'on peut qualifier d'inutiles ou pas... Tous ces personnages qui étaient "perdus" ont trouvé une communauté, des amis, ils ne sont plus seuls. "Live together, die together". Voilà pourquoi la fin et l'explication des flash-sideways me paraît idéale et la conclusion parfaite aux thèmes de la série. Jusqu'à la dernière image de Jack dans son champ de bambous, voyant passer l'avion, puis fermant l'oeil qu'on a vu tant de fois s'ouvrir au cours de la série. Parfait.

Et pourtant, je suis un agnostique convaincu, je ne crois en aucun dieu, mais d'après moi, il ne s'agit pas de ça ici, ni même d'un au-delà. D'après moi, on est beaucoup plus proches de la vision de l'existence telle qu'exposée par Alan Moore dans Promethea que d'aucune religion "homologuée". Une vision un peu brouillée par la décision d'avoir situé la dernière scène dans une église, ce qui m'a paru la seule faute de goût jusqu'à ce que je réalise en voyant des captures d'écran que les vitraux de cette "église" symbolisaient toutes les religions, de la croix à l'étoile de David au Yin et au Yang. Comme dans Promethea, il est difficile d'éviter le sujet de la religion en abordant un tel thème, mais l'idée proposée transcende toutes les religions. Jusqu'à l'usage du terme "la Source" pour cette énergie qui est au coeur de l'île et derrière la dernière porte ouverte par Christian Shepherd, cette énergie primordiale, pré-Big Bang, dont nous venons tous et à laquelle nous retournons après notre mort. Une lumière qu'il était essentiel de ne pas éteindre et un concept auquel je suis davantage capable d'adhérer que le type avec la barbe blanche qui a créé le monde en sept jours.

A moins que je me trompe totalement et que Dark Locke ait eu raison. Que son départ de l'île n'aurait fait que faire couler l'île et basta. J'ai adoré le dialogue entre Jack et Locke en haut de la Source : "Tu avais tort" / "Tu avais tort aussi". Et en fait, ils avaient tous les deux raison. Et on ne saura jamais qui avait plus raison que l'autre. Et on revient à ce que je disais plus haut.

Pour moi, la réussite ou pas de la série pour la postérité tenait en une seule question : Est-ce qu'après avoir vu le final, j'aurais toujours envie de me refaire toute la série comme j'avais pensé le faire plus tôt, ou est-ce que je n'en aurais plus rien à traire ? Je pense qu'en lisant cet article, vous avez ma réponse. Et que le meilleur indicateur, c'est que je pourrais sans doute continuer à déblatérer pendant six pages sur la série.

Adieu, Lost. Putain, tu vas me manquer.

(Image Copyright ABC)

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N
7 ans pour m'en remettre ;-)
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N
Perso j'ai trouvé cette fin tellement lamentable, et tellement visiblement une fin par défaut de la part d'auteurs qui ne savaient depuis longtemps plus comment s'en sortir, qu'elle a ruiné tout ce qui me restait comme affection pour la série, même si, pour dire vrai, j'avais compris dès la saison que les scénaristes n'avaient aucune idée de où ils allaient.... Lost est devenu la plus grosse déception de ma vie télé.
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J
Apparemment, oui, cet article a quand même sept ans !!! :) :) :)
K
<br /> <br /> Le Blu-Ray de la saison 6 (ou le coffret de l'integrale qui fait dailleurs fort baver) va contenir un epilogue (dune demi-heure, je crois) avec Hurley/Ben sur l'ile pour encore + conclusionner la<br /> serie :)<br /> <br /> <br /> <br />
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J
C'est 12 minutes, et elles sont assez sympa.
P
<br /> Il ne faut oublier que Christian parle de ce qui sont morts avant et bien après Jack, ce qui place la scène de l'église hors du temps une sorte de communion de ceux qui ont vecu l'expérience de<br /> l'ile et de l'amour qui les lient, certains sont morts ensemble là bas, d'autres y ont perdu un partelanire. D'où l'impression de retrouvaille "live afer death together". Le final est émouvant et<br /> renvoie les questions a des gadgets de scénario pour tenir le rythme des six saisons. A lire le blog de Dr. Artz. Paul<br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> putain adieu oui, je ne réalise pas encore <br /> <br /> <br /> <br />
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