
Ah, j'ai commencé à regarder la saison 1 de
Battlestar Galactica en HD-DVD. Le pilote (enfin, la première partie de la mini-série prologue) m'a tellement plu que j'ai attendu tite chérie (dont je vous ai dit qu'elle essayait de réduire un peu sur les séries) pour lui montrer. Elle a accroché, on est à peu près aux deux-tiers de la saison. Je vous en reparlerai en 2008 quand on aura fini.
Sinon, le trailer de la saison 4 de
Lost est dispo (
ici par exemple) et il est diablement efficace et enthousiasmant. Le cliffhanger de fin de saison 3 était à mon sens l'un des plus réussis de l'histoire des cliffhangers... enfin, si on aime ce genre de chose, bien sûr, pour pas mal de gens, c'est juste cruel et méchant de finir comme ça avant un break de quasiment un an.
Bon, évidemment, la saison 4 s'annonce sous des auspices un peu ombragés. Seuls huit épisodes ont été tournés avant le début de la grève des auteurs, soit la moitié de la saison (oui, parce que les trois dernières saisons feront seize épisodes, les détails là-dessus
ici). Les auteurs / producteurs avaient demandé à la chaîne d'attendre la fin de la grève pour commencer à diffuser, histoire d'éviter une interruption, ils n'ont pas été suivis.
Il faut dire, pour ceux qui ne suivent pas du tout cette affaire, que c'est très très tendu aux Etats-Unis entre le syndicat des producteurs et celui des auteurs. Les négociations n'avancent pas du tout, plus personne ne se parle, et faut savoir que les américains ne font pas la grève souvent, mais quand ils la font, ils ne font pas semblant : celle-ci pourrait très bien durer jusqu'au milieu de l'année 2008, moment auquel la grève des comédiens pourra prendre le relais. Ca vaut le coup d'analyser tout ça et de faire un peu un comparatif avec la situation des auteurs en France.
D'abord, indiquons que les artistes de l'entertainement américains sont immensément plus syndiqués que les intermittents français. On avait discuté de ça avec un comédien US quand on était allé à New York avec tite chérie, et les conventions collectives de là-bas entraînent des différences assez surprenantes, des trucs qui pour nous seraient jugés totalement déraisonnables et inapplicables. Un exemple au hasard : les "previews" de Broadway, terme désignant en gros les deux-trois premières semaines de représentations d'un spectacle. J'ai demandé au gars pourquoi ça s'appelait comme ça et quelle était la différence avec les soirées "normales"... Le fait est que les "previews" sont les représentations à l'issue desquelles le metteur en scène peut donner son avis, programmer des raccords (des séances de répétition supplémentaires, quoi), etc. A l'issue de ces previews... le metteur en scène n'a tout simplement plus droit à la parole, et de nouveaux raccords sont exclus. Ce qui implique qu'en cas de remplacement, par exemple, l'acteur remplaçant ne répète qu'avec des doublures. Le type nous avait cité l'exemple d'une copine à lui qui avait remplacé Holly Hunter : non seulement elle remplaçait le premier rôle (alors que les gens étaient à priori venus voir Holly Hunter), mais en plus elle n'avait jamais répété avec ses partenaires. Curieux.
Enfin bref, s'ils sont plus syndiqués, c'est aussi qu'ils ont un statut moins protégé, en particulier pour les auteurs. Il n'y a pas d'Assedic aux Etats-Unis (ça, c'est pour les comédiens), et pour les auteurs... ben, il n'y a qu'à voir l'exemple des comics, où les créateurs des plus grandes icônes ne touchent pas forcément un kopeck lorsque leurs créations sont réutilisées, ou l'exemple de la musique, où Michael Jackson peut racheter les droits des Beatles, et toucher les droits d'auteur à leur place (oui, c'est des anglais, mais le fonctionnement est à peu près le même).
En France, ça c'est impossible. On peut "céder ses droits", c'est-à-dire autoriser quelqu'un à utiliser son oeuvre, mais les droits d'auteurs sont absolument incessibles. Droits d'auteur qui, pour une pièce de théâtre par exemple, s'élèvent quand même à 10% de la recette à peu près. Quoi qu'il arrive, ces 10% iront toujours dans la poche de l'auteur (avec la SACD qui se sert un peu au passage, bien sûr). Les auteurs français sont protégés comme nulle part ailleurs.
Les auteurs américains... ben là, s'ils font grève, c'est pour essayer d'avoir une part du gâteau sur les nouveaux modes de diffusion. La nouvelle mode est le webisode, par exemple, des mini-épisodes de séries à télécharger sur son portable, sur lesquels les auteurs ne touchent pas un centime. Certains auteurs, qui sont aussi producteurs, se retrouvent dans une situation délicate, mais ont jusqu'ici systématiquement rejoint les piquets de grève. Même si, récemment, des fissures commencent à apparaître du côté des émissions type David Letterman Show, où la décision a été prise de rattaquer sans auteurs (le présentateur Conan O'Brien précisant même que ça avait de bonnes chances d'être très mauvais).
La grève a d'ores et déjà de gros impacts : certaines séries se sont arrêtées en plein milieu et se sont même adaptées pour proposer une mini-saison cette année (comme
Heroes, il me semble). Du côté du cinéma, on commence à faire les fonds de tiroir en cherchant des films déjà écrits à tourner (et là aussi, à tourner AVANT la grève des acteurs, prévue je crois en juin). Ca pourrait même de permettre à des réalisateurs tricards à Hollywood de revenir derrière une caméra.
Evidemment, la grève est médiatiquement très costaude, puisque vous pouvez trouver tous les acteurs de vos séries préférées, solidaires, aux piquets de grève. Certains jours de grève sont même articulés autour de l'équipe d'une série en particulier. Pour autant, la lutte semble partie pour être longue et dure, comme je le disais au début. Et puis le petit inconvénient, culturellement parlant, c'est qu'en attendant, les chaines mettent le paquet sur les émissions de télé-réalité, et Dieu sait que ce serait contrariant si elles devenaient la seule forme de divertissement disponible... surtout que les téléspectateurs pourraient bien l'accepter.
L'anecdote amusante, c'est que les auteurs de comics ne sont pas syndiqués, les auteurs de séries peuvent donc tout à fait se mettre aux comics en attendant la fin de la grève (oui, ce sera peut-être l'occase d'avoir la fin de
Ultimate Wolverine vs Hulk). Voir à ce sujet l'excellente interview de
Brian K. Vaughan (auteur d'
Y : Le Dernier Homme et récemment intégré au pool d'auteurs de
Lost). En anglais, bien sûr.
(Image Copyright ABC)