Michael Jackson était peut-être the King of Pop, mais le King of the TV Series, c'est un autre Michael.
Michael C. Hall était déjà au générique d'une de mes séries achevées préférées,
Six Feet Under, grâce à
Dexter, il fait un doublé.
Je crois pas que j'ai déjà parlé de
Six Feet Under dans ces colonnes. J'y ai peut-être fait allusion, mais je ne crois pas m'être davantage étendu sur ce chef-d'oeuvre... à moins que si, mais j'ai un peu la flemme d'explorer les limbes de mon blog. Ca, c'est un risque au bout de deux ans d'existence.
Quoi qu'il en soit,
Six Feet Under fait cinq saisons, s'est achevée il y a quelques années, et si vous n'y avez jamais goûté, c'est un crime. Il n'y a pas très longtemps, j'ai fini de me revoir l'intégrale de la saga Fisher avec ma tite chérie, qui avait mis très longtemps à accepter de s'y mettre parce qu'elle avait peur de pleurer tout le temps. Mais le premier truc à marteler concernant
Six Feet Under, parce que ça peut surprendre à propos d'une série dont les héros sont des directeurs de pompes funèbres, c'est que c'est souvent très, très drôle. Alors oui, on chiale très régulièrement, mais l'ensemble de la série réalise l'exploit d'être une ode à la vie alors même qu'elle baigne dans la mort. Je classe par ailleurs la conclusion du dernier épisode comme l'une des toutes meilleures fins de série, sinon la meilleure. La première fois que je l'ai vue, elle m'a hanté quelques semaines, c'est à ce point. Bon, ça devait forcément résonner avec des trucs perso, mais le résultat est là. Et la mort, ça résonne avec à peu près tout le monde, hein.
Voilà une série qui m'a dissuadé de m'apesantir sur les petits tracas de l'existence (même si on ne peut parfois pas lutter contre la nature humaine qui nous pousse à nous prendre la tête sur des détails) et de ne pas laisser des disputes, des contrariétés ou autres déceptions m'empêcher de profiter de la vie. C'est assez difficile d'en parler sans devenir extrêmement neuneu (une des forces de la série, d'ailleurs, qui ne l'est pas du tout) mais c'est très certainement une série que devraient regarder tous ceux qui passent trop de temps à s'engueuler sur Internet avec de parfaits inconnus.
Le "pitch", pour ceux qui ne connaissent pas, c'est l'histoire de la famille Fisher, dont le père tient une entreprise de pompes funèbres. La mère est une matrone psycho-rigide qui rêve d'être autre chose, l'aîné a fui sa morbide famille dès son adolescence, son jeune frère (Michael C. Hall, donc), marche dans les pas de son père tout en refoulant son homosexualité et la benjamine est une adolescente rebelle qui avait toutes les raisons de devenir gothique mais a sans doute trouvé ça trop évident. Chaque épisode est articulé autour de la mort d'une personne. Pour l'épisode pilote, il s'agit du père, qui reviendra cependant régulièrement en "fantôme" visiter les membres de sa famille. Rien de surnaturel, hein, la série a le bon goût, même quand elle est tout près de basculer dans le fantastique, de laisser la porte ouverte à une explication psychologique plausible.
Enfin bref, si vous n'avez jamais vu cette série, pour les mêmes raisons que ma tite chérie ou pour d'autres, vous ratez quelque chose d'assez énorme. L'écriture est au top et le jeu d'acteur aussi, au point que les acteurs, comme c'est souvent le cas avec les séries, sont tellement indissociables de leurs rôles dans
Six Feet Under qu'ils auront du mal à rebondir. D'ailleurs, on ne les a pas beaucoup revus depuis.
A l'exception de Michael C. Hall, et c'est assez incroyable que son retour se fasse dans une série tout aussi inévitable. Je n'ai goûté à
Dexter qu'assez récemment. Je dois l'avouer, j'étais atteint du syndrome de la "sur-hype", c'est-à-dire qu'on m'en avait tellement parlé que j'avais très peur d'être déçu, et j'ai donc attendu assez longtemps pour que la
Dexter-mania s'apaise un peu. Et puis le frère de tite chérie nous a offert la première saison en DVD et quand on s'y est enfin mis, on a avalé ça en quelques séances. On a adoré, c'est d'ailleurs une des raisons qui ont poussé tite chérie à enfin accepter de tester
Six Feet Under. Il y a plein de choses passionnantes et / ou rafraîchissntes dans
Dexter (qui, pour ceux qui sont complètement passés à côté, parle d'un tueur en série qui ne tue que les tueurs) : Tout d'abord, on a un anti-héros auquel on est vraiment attaché, et qui est un vrai anti-héros, dont on ne sait plus à partir d'un certain point si on a raison d'être avec lui. La série pose des dilemmes assez insolubles dont on ne peut pas franchement dire que le dénouement, même heureux, est forcément souhaitable. C'est aussi très agréable d'avoir des saisons courtes (comme dans
Six Feet Under, d'ailleurs) qui ne se perdent pas dans des chemins de traverses inintéressants. Chaque saison forme un tout, comme un gigantesque film qui n'appelle pas forcément de suite, et même si je suis accro à la cliffhangerite de type
Lost, c'est aussi assez sympa de pouvoir déguster une saison de
Dexter sans avoir besoin du coffret suivant là maintenant tout de suite. D'ailleurs, nous n'avons vu que les deux premières saisons, ne vous avisez donc pas de me spoiler la suite.
Des saisons qui racontent une histoire précise, donc, ce qui donne une série à la structure très léchée et assez imparable. Ajoutons que les personnages secondaires sont eux aussi très attachants et tous excellemment interprétés, ce qui était aussi une gageure : La série est tellement centrée sur Dexter que les histoires satellites des autres intervenants auraient facilement pu être gonflantes. Mais non, l'histoire entre la soeur de Dexter et un de ses supérieurs est tout aussi passionnante que l'enquête principale elle-même.
Il faut dire que l'écriture de cette série se situe à un très, très haut niveau. Attention d'ailleurs à la cohabitation avec d'autres séries : Nous avons un soir calé un épisode de
Fringe (qu'on a commencé il y a peu) juste après un épisode de
Dexter, et la narration, les dialogues, la construction fait tout à coup très pauvre à côté. En tant qu'auteur,
Dexter est une des séries qui force le plus mon respect : Les dialogues sonnent juste et sont d'une finesse et d'une élégance qui font envie, l'omniprésente narration du personnage principale est toujours d'une intelligence rare, et la construction des épisodes au sein de l'intrigue décrite par la saison entière est parfaite. J'adore la façon dont le "meurtrier du jour" poursuivi par Dexter permet toujours un lien avec ses doutes du moment et la trame globale de la série. Je prendrai un exemple qui ne spoile pas grand-chose : Quand Dexter doute de sa capacité à mentir à son entourage à propos de ses "hobbies", il se retrouve à séquestrer un vendeur de voitures qui ment littéralement comme il respire. Leur confrontation est hilarante est fait progresser l'intrigue de l'épisode autant que l'intrigue de la saison.
Donc voilà, avec deux rôles-titres dans deux séries inévitables coup sur coup, je pense que Michael C. Hall mérite bien le titre de roi de la série télé.
Tiens, histoire de boucler la boucle : à propos de Michael Jackson, moi j'ai pas tenu un quart d'heure en regardant son concert gospel platinum show d'enterrement. Si, le début m'a bien fait rire, avec Mariah Carey (est-ce que vous pensez qu'elle est capable de chanter si quelqu'un lui tient les mains pour l'empêcher de faire ces gestes ridicules où elle illustre chaque effet de voix ?), et puis au six-centième "Jesus", j'ai craqué.
(Image copyright Showtime)