
Vous connaissez sûrement ça, il y a des films qui trainent parfois des années sur l'étagère en attendant qu'on les regarde, mais qu'on n'est jamais d'humeur à regarder. Par exemple, j'ai mis deux-trois ans avant d'enfin visionner
American History X. On n'a pas toujours envie de proposer à sa tite chérie "eh, ma chérie, si on regardait l'histoire du pétrolier qui n'aime personne ? Ca dure deux heures et demie" ou "eh, ma chérie, si on regardait l'histoire de la juive qui est obligée de coucher avec les allemands pour venger sa famille ? Ca dure deux heures et demie". Il faut en général se faire violence pour voir ces films en "home-video", et c'est con parce que souvent il y a une raison pour laquelle on les a achetés, et c'est qu'ils sont a priori vachement bien.
Je recommande donc chaudement
There Will Be Blood de Paul Thomas Anderson et
Black Book de Paul Verhoeven, deux excellents films, même si ma préférence personnelle va à
Black Book. Je dois dire que je suis quasiment un inconditionnel de Verhoeven (il n'y a que la fin de
l'Homme Sans Ombre que je trouve vraiment ratée),
Robocop et
Starship Troopers font partie de mes intouchables et je fais partie des trois qui étaient ressortis de
Showgirls enthousiasmé par l'énergie du film. Dans la forme, c'est à ce film que
Black Book fait le plus penser (l'héroïne qui n'a pas froid aux yeux et qui a intérêt si elle veut survivre dans un monde ultra-violent), même si le fond a ici évidemment plus d'épaisseur que dans
Showgirls. Il y a très peu de réalisateurs qui arrivent aussi bien que Verhoeven a m'imprimer des images sur la rétine, et le souvenir de ces films me poursuit souvent longtemps après le visionnage.
A noter par ailleurs que si le sujet du film le classe forcément dans la catégorie "est-ce que j'ai vraiment envie de regarder ça ce soir ?", il est constellé, comme tous les Verhoeven, d'un humour noir des plus réjouissants. Il y en a aussi un peu dans
There Will Be Blood. Mais le film demeure pour l'essentiel assez glauque. À voir malgré tout dans le genre épopée tragique réussie, Daniel Day-Lewis y atteint des sommets de cruauté. C'est tout de même un des seuls acteurs qui a l'air de changer entièrement de visage entre chaque film. Difficile de retrouver le jeune héros d'
Au Nom du Père sous les traits de ce pétrolier aigri et jusqu'au-boutiste.
Nous avons vu ces deux films en Blu-Ray, au fait, pour ceux qui se demanderaient ce que vient faire Hadopi dans mon titre. Pas de piratage chez moi pour ce qui concerne les films. Je ne suis d'ailleurs pas tranché sur la question dans un sens ou dans l'autre, ce qui devrait être le cas de tout le monde tant la question est complexe et ouvre le débat sur bien d'autres choses. Personnellement, j'ai toujours du mal à comprendre pourquoi on voudrait découvrir un film sur un écran d'ordinateur, mais j'ai aussi du mal à comprendre pourquoi on voudrait empêcher des gens qui paient la redevance de télécharger des séries. Je comprends que des créateurs aient les glandes, mais je pense aussi aux petits artistes qui se sont fait connaître grâce au téléchargement libre, et aux consommateurs qui ont raison de trouver ça odieux de faire payer plus de 2 euros un épisode de
Fringe en VOD.
Rien de nouveau, donc, de mon côté, je ne suis pas foncièrement pour Hadopi, mais pas totalement contre non plus. Par contre, je voulais revenir sur la phrase qui m'a atterré dernièrement : "Je ne laisserai pas traîner dans le caniveau des pirates 'l'atmosphère, atmosphère' d'Arletty". J'ai vu beaucoup de gens s'indigner devant l'agressivité de Frédéric Miterrand envers les internautes lors de son allocution à l'assemblée, mais je n'ai pas vu grand-monde souligner à quel point il est à côté de la plaque en disant ça. Hadopi, c'est vraiment inventé pour empêcher les gens de télécharger
Hôtel du Nord ? Ca devrait pas être plutôt encouragé, ça ? Le jour où les gens préfèreront télécharger
Hôtel du Nord que
Transformers 2, ce sera plutôt une bonne nouvelle pour tout le monde, non ? Est-ce qu'on pourra un jour avoir un ministre de la culture qui ne sorte pas directement de la cour de Louis XIV ?
J'écris ces lignes dans le train pour Avignon, où je passe la semaine à l'occasion de la fin du Festival. C'est mon premier article posté depuis le train et si c'est pas un événement, je sais pas ce que c'est. A très vite, en tout cas !
(Image Copyrighy Sony Classics)