20 Juin 2007
Ceux qui m'ont vu m'agiter dans tous les sens au moment de l'élection présidentielle ont pu s'étonner de ne pas me voir prendre position au moment des législatives. Bon, faut dire que mes intentions de vote n'auraient je pense étonné personne au vu de mes différents articles sur le sujet, et que par ailleurs, comme tout bon anti-sarkozyste primaire (exonération d'intérêts d'emprunt ou pas), j'en avais un peu marre de me remuer le couteau dans la plaie. Et la gauche, plus que jamais, n'a pas aidé à rester motivé.
(Personne n'a aidé à rester motivé, d'ailleurs, si on va par là et vu le taux d'abstention).
Mais bon, j'ai voté. Moi, je suis de ceux qui pensent que ou on vote, ou on ferme sa gueule après, et je ne crois pas avoir raté une élection depuis ma majorité. Mais c'est bien sûr un peu plombé que je suis allé voter deux fois (pour moi et pour tite chérie) dimanche dernier.
J'étais chez ma petite soeur (la grande) au moment des résultats, à lui expliquer comment on ouvre un fichier sur son ordinateur (oui, c'est pas parce qu'on est jeune qu'on assure avec l'univers 2.0). Je me souviens avoir dit très distinctement au moment de l'apparition des chiffres quelque chose du genre "ah ben merde, ils nous remettent les résultats d'il y a cinq ans".
Bon, je vais pas le cacher, voilà une "défaite" qui m'a fait plaisir. Pourtant, faut bien admettre que tout ça ne change pas grand-chose au résultat : l'UMP a toujours une majorité absolue et à part crier bien fort, l'opposition ne pourra pas y faire quoi que ce soit. Mais deux choses m'ont réconforté : C'est encore nous qui sommes maîtres de notre vote, et pas les instituts de sondage ; et puis les communistes, les verts, le Modem ont quand même des sièges : On échappe à la représentation d'une France qui aurait été sarkozyste à 75%. Quand on se considère de gauche et qu'on s'est pris pas mal de claques récemment, ça suffit à garder espoir en la démocratie et en ses compatriotes.
Après, cette histoire a encore servi à démontrer comme la politique marche des fois sur la tête. Perso, passé les résultats, je guettais avec une curiosité un peu perverse le résultat de Juppé, dont je me disais qu'il pouvait bien sauter et que ça me ferait pas pleurer. Juppé, pour moi, c'est encore les grèves de 95 et les affaires, hein. Quand la chose a été confirmée, pourtant, des proches pourtant pas du tout juppéistes ont trouvé un peu dommageable que cette idée intéressante de super-ministère de l'écologie parte à vau-l'eau. Déception à laquelle je peux adhérer.
C'était un peu évident que le seul qui pouvait prendre la place de Juppé pour devenir numéro 2 du gouvernement et seul ministre d'état, c'était Borloo. Lui seul avait la carrure et je pense même qu'il peut faire des trucs très bien pour le développement durable. Mais voilà : Depuis sa nomination, j'ai regardé plusieurs chaînes, j'ai lu Le Monde (oui, ben oui, ça peut arriver), j'ai écouté bien des réactions, et il y a un truc que j'ai du mal à comprendre.
De ce que je comprends, Borloo était très attaché à l'économie. Il s'est battu pour l'avoir, c'était son objectif, il était vraiment à sa place, il avait pas envie de déménager. Et l'idée qui circule beaucoup est que cette "promotion" est en fait une forme de punition pour avoir mis l'histoire de la TVA sociale sur le tapis. Et là, ça devient bizarre : On met quelqu'un numéro 2 du gouvernement pour le punir et qu'il puisse servir de fusible éventuel ? Et depuis quand l'écologie est une punition ? Ca décridibilise vachement l'idée de ce super-ministère, je trouve.
D'autant que je trouve un peu absurde de mettre la "petite victoire" de la droite sur le compte de la TVA sociale. Pour le coup, Berluskozy en a toujours parlé (même s'il n'a jamais parlé d'une hausse de 5%, sa mère) et j'était même atterré que la gauche ne le lui renvoie pas plus souvent à la gueule pendant la présidentielle (c'en était presque louche, à se demander s'ils n'avaient pas l'intention de faire pareil). Pour ma part, je pense que le retournement de tendance entre les deux tours est essentiellement dû à une remobilisation des électeurs de gauche, qui ont voulu sauver les meubles, et une démobilisation des électeurs de droite, pour qui tout laissait à penser que l'affaire était pliée.
Je sais pas, tout ça donne un peu l'impression que ce remaniement ministériel a été fait à l'envers, dans une dynamique assez négative et loin de l'intelligence politique (même en étant contre Sarkozy, on peut lui reconnaître ça) de l'après-présidentielles.