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ON EN EST LÀ !

Théâtre, comics et élucubrations diverses : Le Blog de Jérémy Manesse. (Toute rime est purement fortuite)

Pardonnons à Maïwenn...

 Maïwenn Le Besco est un peu une emmerdeuse, comme fille.

Elle est du genre qui peut se braquer soudainement contre quelqu'un, pour une broutille qu'elle a décidé de trouver super grave - d'ailleurs elle m'a fait la tête un moment pour un truc de ce genre -, elle est très très sur elle et elle peut passer d'amoureuse transie à la rupture consommée en trois minutes. Ce que je n'ai par contre pas expérimenté, hein, histoire de pas faire naître des rumeurs à la con.

Ca peut donc laisser présager de ses qualités si je dis que c'est quelqu'un que j'aime beaucoup, vu ce que je viens de lui mettre dans la tête. Ca faisait un petit moment que je ne l'avais pas vue quand elle m'a invitée à la projection de son premier long-métrage.

Pour tout vous dire, au vu de l'affiche, j'étais un peu inquiet. J'ai rencontré Maï quand elle jouait au Café de la Gare un spectacle sur son enfance où elle réglait pas mal de comptes avec sa mère. C'était assez corsé, mais par quelque mystérieuse magie, sans doute celle du second degré et de l'autodérision, ça ne sombrait pas dans la psychanalyse en public. Ou alors à peine.

L'affiche de Pardonnez-Moi indique clairement qu'il s'agit du même genre d'exercice. J'ai un peu tiqué parce que j'aimerais bien voir Maïwenn raconter autre chose que sa vie, trouver des trucs qui l'intéressent, se libérer de son enfance. En gros, j'avais peur de ne voir que son one-woman-show en images et je trouvais l'exercice périlleux, risqué. J'avais peur de la redite. L'accroche "Pour se construire, il faut regarder son passé en face", tout droit sortie d'un gâteau chinois, n'aidait pas.

Le film est vachement, vachement bien. Maï a évité le piège énorme qu'elle s'est elle-même tendue grâce à une équipe de comédiens investis à 200% et à une conscience aigüe des défauts que j'ai cités plus tôt. Elle assume son égocentrisme mais s'en amuse aussi, le film est aussi drôle que touchant. Il prend la suite du one-woman-show en cela que le personnage de Violette (joué par Maïwenn, une indication claire qu'elle accentue la fiction par rapport à son spectacle), après avoir joué pendant un moment le dit spectacle où elle réglait ses comptes avec sa mère, s'aperçoit qu'il lui reste un gros dossier qu'elle n'a pas réglé avec son père. Elle décide de faire un documentaire sur sa famille histoire de crever tous les abcès... et il y en a un paquet. La mise en abyme fonctionne formidablement bien, dès lors qu'on ne cherche pas à démêler la réalité de la fiction, ce qui a ici peu d'intérêt. Maï évoque d'ailleurs cette frontière floue au détour d'une scène où son copain l'accuse de mythomanie.

Le film pêche-t-il par endroit ? Pas vraiment, même si je n'ai pas accroché avec l'utilisation de techno lors de certains passages. De plus, ce type d'exercice - où tous les comédiens sont en semi-impro - tombe inévitablement, par moment, dans le "un peu trop". J'entends par là que certaines transitions pour aller au thème suivant que Maï veut aborder sont un peu tirées par les cheveux et que les "crises" s'enchaînent parfois un peu trop ostensiblement au cours d'une même scène. Mais la justesse de tous les comédiens et la sincérité et l'honnêteté intellectuelle de Maï font pardonner les petits défauts d'un film qu'elle a auto-produit pour l'essentiel.

Je vous recommande vivement de goûter à ce film profondément original quand il sortira le 22 novembre 2006.

(Image copyright Maï Prod / Les Films du Kiosque)

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K
Je vérifierai! ^^
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K
Oh, Jérémy, c'est quoi cette faute? On parle de mise en abyme, pas de mise en abîme! Et dire que ça traduit nos belles séries Vertigo! ^^Qu'importe, tu m'as convaincu, j'irai sûrement faire un saut au cinéma voir le film.
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J
Oui, bon, on n'est pas toujours au top. Je devais être pas concentré.<br /> La différence, c'est que sur mes trads, je me relis. :)